Itinéraires phytogéographiques

Sabine Bouché-Pillon

In situ, s’exercer à la lecture des paysages ; observer, décrypter les formes physiques et biotiques ; s’interroger sur les interactions entre sociétés et territoires. Raconter, représenter, comprendre ce qui est vu, senti, perçu. C’est ainsi que débute la deuxième année d’études à l’Ensnp. « Faire du terrain », c’est une étape propice aux interactions entre enseignements de géologie, pédologie, géographie, botanique, écologie et histoire. Croiser les regards sur un même territoire.

Notre route nous conduit, invariablement depuis quelques années maintenant, aux confins du Massif central dans les Causses et les Cévennes. « D’où que l’on vienne il faut d’abord monter », lance Gil Jouanard (2004) en parlant de la Lozère.

En écho, me vient l’image de Charles Flahault, professeur de botanique à Montpellier à la fin du XIXe siècle, traversant à pied les basses garrigues pour atteindre le mont Aigoual par les chemins et les drailles. De ses longues courses, de ses herborisations incessantes, de ses observations sur les communautés végétales de la région méditerranéenne à la Laponie, il décrira la répartition de la végétation et dressera les premières cartes phytogéographiques (travaux de recherche in Flahault, 1999). Un des pionniers de la biogéographie.

« L’étude de la répartition des êtres vivants à la surface du globe et l’analyse de ses causes, tel est l’objet de la biogéographie, qui comprend à la fois la géographie des plantes, ou phytogéographie, et la géographie des animaux, ou zoogéographie » (De Martonne, 1937). Définition et concept qui perdureront jusqu’aux années 60, pour s’infléchir, enfin, et intégrer le rôle des interventions humaines. « La biogéographie étudie les organismes vivants, les plantes et les animaux, à la surface du globe, dans leur répartition, dans leur groupement et dans leurs relations avec les autres éléments du monde physique et humain » (Elhaï, 1968). La prise en compte de l’action millénaire de l’homme en termes d’usages, de pratiques et de perceptions est, depuis, déterminante.

La physionomie de la végétation, les associations végétales, les espèces indicatrices, les essences plantées sont autant de niveaux de lecture des paysages végétaux.

Le couvert végétal est alors considéré comme un intégrateur et un révélateur des conditions de milieu (climat, sol, relief, eau, faune, etc.) mais aussi des activités anthropiques.

La physionomie de la végétation, les associations végétales, les espèces indicatrices, les essences plantées sont autant de niveaux de lecture des paysages végétaux.

Succession de plateaux de calcaire et de dolomie, de monts granitiques, de vallées dans le schiste.

Il est important par ailleurs d’apporter une dimension temporelle aux informations sur la végétation. Rien n’est figé, par exemple, suite à l’abandon des activités agricoles, la végétation évolue spontanément en une succession continue de stades (pelouse, lande, bois). Le pâturage bloque cette évolution. Le feu provoque une évolution dite régressive, d’une lande brûlée, on repart aux stades pionniers qui se transformeront à leur tour.

Cinq jours sur le terrain permettent de s’immerger, de collecter des indices qui permettront de révéler les premières composantes de ce territoire et de ses paysages, d’entrevoir leur organisation et leurs interactions.

Premier jour – mer, plateaux et cañons
Gorges du Tarn, Sainte-Énimie, 470 m

L’eau, « partout où elle s’insinue, elle règne sans partage. Et là où elle fait défaut, elle occupe toute la mémoire, puisque les causses ascétiques ne sont rien d’autre sous leur sécheresse sans pitié que les fonds d’une mer en allée » (Gil Jouanard, 2004).

En géologie, cela commence parfois par une vaste mer ; ici, deux mers se sont succédé à des ères éloignées. La mer du primaire vers 440 millions d’années, dont les dépôts après métamorphisme en profondeur s’élèveront en chaîne hercynienne. Érigée puis érodée. Au début de l’ère secondaire (220 millions d’années), ce socle de schiste est raboté. Des granites apparaissent issus de l’activité magmatique en profondeur. 170 millions d’années, la mer jurassique s’avance : des rivages, des lagunes, puis elle s’installe durant 90 millions d’années, de faible profondeur mais riche de sédiments ; ceux-ci se déposent sur plusieurs centaines de mètres d’épaisseur. Des couches de roches calcaires (riches en calcium), dolomitiques (riches en magnésium et en calcium) ou de marnes (calcaires argileux) se sont formées. La mer se retire, suit une période de failles, de plissements successifs. À la fin du tertiaire, la formation des Alpes provoque le soulèvement de la partie sud-est. Les Causses dégringolent en escalier vers l’ouest. Les failles et les diaclases sont nombreuses. Au quaternaire (2 millions d’années), des glaciations se succèdent dont la dernière, le Würm (de cent mille à dix mille ans).

Au col des Faïsses, 1020 m d’altitude.

Quel est le relief actuel ? « Le Causse Méjean, isolé de toutes parts par les cañons du Tarn et de la Jonte et seulement rattaché aux cans cévenoles par l’isthme de Perjuret, paraît le plus aride, le plus nu et le plus sec. C’est en effet une sorte de désert de pierres » (Cord et Viré, 1900), un relief karstique de la petite à la grande échelle.

Accrochées aux versants abrupts des gorges, des hêtraies calcicoles sèches à buis se développent en ubac (versant le moins bien exposé) et à la faveur de l’humidité atmosphérique apportée par les brumes et les brouillards. Dans quelques sous-bois, le sabot de Vénus, une orchidée mythique. En adret, se réfugient les chênaies pubescentes, les fruticées à prunellier, buis ou genévrier.

Deuxième jour – pelouses d’allure steppique et agropastoralisme
Causse Méjean, La Pierre Plate, 1012 m, 1,4 habitant au km2

Sur le haut plateau aride, « l’eau disparaît dans le sol qu’elle vient de mouiller ; aussi, là, point de ruisselets murmurant dans les replis de terrain, la rivière n’est pas pour les causses calcaires. Sur le causse un fait attire l’attention de l’observateur, c’est l’existence de mares situées dans des replis de terrain à eaux verdâtres et où vont s’abreuver les bestiaux, c’est la lavogne qui précède tout hameau. Le sol rendu imperméable par l’argile de décalcification qui occupe le fond des cuvettes calcaires ou sotchs a accumulé les eaux pluviales vers le point le plus bas et cette circonstance a permis l’établissement de la vie autour de la flaque dont le rôle a été si important, car il a pu fixer l’homme sur le Causse en le forçant à bâtir sa maison non loin d’elle » (Cord et Viré, 1900). D’autres dépressions forment les dolines, comblées de terre rouge et constituant de petites surfaces de cultures céréalières ou fourragères. Au-delà, un vaste sol rocailleux, des roches ruiniformes, des avens, des pertes, des résurgences, des collines aux courbes douces. Les formes du relief karstique sont multiples.

Gorges et plateaux.

À nos pieds, s’étendent de maigres pelouses toutes desséchées,
À portée de main, la pelouse est piquetée de buis et de genévriers,
À portée de vue, des bois forment des taches denses.

Cette partie orientale du Méjean est appelée Causse nu.

Ne nous trompons pas. La majorité des terres du Causse sont des parcours. Ces paysages ouverts attestent d’une longue activité agropastorale. L’élevage ovin est encore l’activité principale des habitants. Cet élevage est destiné à la production de lait pour les fromageries (fédou et roquefort) et de viande.

Des troupeaux, des parcours, du pâturage  ! Cela sonne comme une association immuable, pourtant la pression de pâturage est, aujourd’hui, inégale voire moindre. Certains parcours s’embroussaillent très lentement avec les buis et les genévriers (Cohen, 2003). En effet, les pratiques agricoles ont changé : construction de bergeries modernes, pose de clôtures, apport de nourriture en bergerie, etc. Les parcours les plus éloignés des fermes sont les premiers délaissés. Les dolines sont semées d’espèces fourragères et de céréales.

La tendance évolutive est accentuée par les semis naturels de pins ; s’ils ne sont plus broutés, de jeunes arbres se développent. Les pins noirs d’Autriche ont été plantés dans les années 60, 70, favorisés par le Fonds forestier national (FFN). Choisis pour leur résistance au froid et à la sécheresse et leur tolérance aux sols calcaires, ils arrivent maintenant en phase de reproduction, mais leur exploitation est plus lointaine. Les pins sylvestres sont plutôt sur le secteur occidental du Méjean, aussi appelé Causse boisé.

Croquis de la vallée-Française.

L’ensemble forme donc une vaste mosaïque avec une dominante de pelouses sèches d’allure steppique. Le vent souffle avec persistance ; la tendance montagnarde du climat est marquée en altitude. L’ambiance est celle des steppes, nous disent les voyageurs. Les pelouses sèches sont très diversifiées et se distinguent souvent par une graminée dominante, brome érigé, fétuque ou stipe selon les variations de sol et d’exposition aux vents. Ces pelouses ont une biodiversité élevée et hébergent des espèces endémiques des Grands Causses (à aire de répartition restreinte) comme l’armérie de Gérard des sables et rocailles dolomitiques ou l’aster des Cévennes. L’enjeu actuel est de maintenir et de gérer ces pelouses sèches directement liées aux activités agropastorales.

Troisième jour – érosion et reforestation
Mont Aigoual, 1567 m

Au sommet de ce massif granitique, des landes rases à myrtille, des pelouses subalpines et quelques pins rabougris sont battus par les vents, par la neige et par les pluies (2 500 mm d’eau en moyenne par an). Le climat montagnard à l’Aigoual est particulièrement rude.

Plus bas, une forêt dense se dessine, des bouleaux, des hêtres, des épicéas, des sapins, des pins, des mélèzes. Ce mélange d’essences forestières d’origines diverses témoigne d’actions de reboisement.

Carte de la Lozère de Fisquet (1878).

Remontons au XVIIIe siècle, au cours duquel terres boisées et pâturages se côtoient ; progressivement l’exploitation du bois s’intensifie pour les besoins des verreries, des fonderies et du chauffage ; les forêts sont grignotées et laissent toujours plus de surface aux pâturages des troupeaux transhumants du bas Languedoc. Vers le milieu du XIXe siècle, la forêt est réduite à une faible surface de taillis de hêtres et de bois de pins sylvestres. Une montagne « pelée » aux sols fortement érodés ; les épisodes de pluies ravinent les sols ; des inondations ravageuses ont lieu dans les basses vallées. « Désert rocailleux et stérile. Au XIXe siècle, cet état des lieux s’applique à l’ensemble des montagnes du pourtour méditerranéen français » (Fesquet, 2007). Dès 1860, la reforestation de l’Aigoual s’inscrira dans un vaste programme de restauration des terrains de montagne (RTM) (lois de 1860, 1864 et 1882). Georges Fabre, forestier, conservateur des Eaux et Forêts du Gard, conduira cette reforestation à partir de 1875. Une démarche méthodique et expérimentale : étude des essences appropriées à l’Aigoual, construction d’une station expérimentale de météorologie forestière (1893), achat de communaux et de parcelles privées dans le périmètre d’utilité publique, participation des habitants aux travaux de plantation et de voirie, créations d’arboretums expérimentaux avec l’appui de Charles Flahault, dont celui de l’Hort de Dieu en 1903.

Il ne s’agissait pas de revenir, exclusivement, à la formation boisée d’origine mais bien de mettre en place une forêt de protection. « Nous n’acclimatons pas, écrit Flahault en 1928 […], nous ne réussissons à introduire un végétal d’un pays dans un autre que s’il trouve, dans ce pays nouveau pour lui, un ensemble de conditions de climat et de sol identiques à celles de son pays d’origine, ou très peu différentes » (Valdeyron, 2005).

La forêt domaniale de l’Aigoual couvre, aujourd’hui, 15 000 hectares. Outre l’exploitation du bois, la gestion actuelle tend à diversifier les classes d’âges et les essences.

Quatrième jour – arbre à pain, arbre d’or et murs de pierres sèches
Cévennes, vallée de Trabassac, La Roquette, 514 m

Escouto-se-pléou – écoute la pluie –, ce nom de hameau de la Vallée-Française reste en moi. Et j’imagine alors une journée d’automne pluvieuse, de ces pluies cévenoles, où l’eau dévale de la crête jusqu’au bas du vallon, gonflant le Gardon, provoquant une gardonnade, cette crue non moins fameuse. L’eau qui tombe et qui ruisselle sur les schistes imperméables, on peut n’écouter qu’elle tout une journée durant.

L’eau qui tombe et qui ruisselle sur les schistes imperméables, on peut n’écouter qu’elle tout une journée durant.

Les Cévennes du schiste sont faites de vallées étroites, les valats, aux crêtes acérées, les serres, soumises à un climat d’influence méditerranéenne aux étés chauds et secs mais aux précipitations violentes. Pour limiter l’érosion des sols par l’eau et gagner des terres cultivables, des versants entiers ont été aménagés. Les pierres et les lauzes de schiste semblent des matériaux inépuisables. L’eau est captée et canalisée dans des béals, parfois stockée pour irriguer les cultures. La terre est retenue par d’imposants murs de pierres sèches formant des bancels ou terrasses. Ils sont partout édifiés, aux abords des mas, dans la châtaigneraie, dans le lit des ruisseaux, mais aussi pour asseoir le chemin.

Les terrasses de culture en vallée de Trabassac.

« Le châtaignier et le mûrier occupent tous les flancs des montagnes cévenoles, dont ils disputent les parties incultes et rocheuses aux cistes et aux bruyères » (Cord et Viré, 1900). Certes, aujourd’hui, les vallées sont boisées, très boisées, on reconnaît les vastes châtaigneraies, surtout en ubac, qui s’étagent de 300 à 700 m. Les situations plus sèches, rocheuses et ensoleillées de 200 à 600 m sont occupées par la yeuseraie, ou forêt de chêne vert et par les maquis à bruyère arborescente, callune, arbousier, filaire. Mais de terrasses plantées de mûriers, point, seuls quelques arbres émondés de-ci de-là.

Plantés pour les besoins de la sériciculture, le mûrier noir et le mûrier blanc sont originaires, respectivement, du Proche-Orient et de Chine. Les feuilles constituent la nourriture exclusive des vers à soie (Bombyx mori, Lepidoptera). La présence du mûrier est attestée dès le XIIIe siècle, mais les plantations d’envergure se font sous l’impulsion d’Henri IV pour son projet de production de soie en France afin de lutter contre les onéreuses importations. Olivier de Serres publie La Cueillette de la Soye, par la nourriture des Vers qui la font (1599). En 1601, des mûriers furent même plantés en nombre au jardin des Tuileries. Dans les vallées cévenoles, le développement de l’activité séricicole fut continu jusqu’au XIXe siècle. À partir de 1855, la conjonction de divers évènements entraîne un retrait progressif mais irréversible de cette activité dans les vallées : maladies touchant le bombyx, importation des soies étrangères facilitée par l’ouverture du canal de Suez en 1869 et fabrication des fils synthétiques. L’arbre d’or, alors omniprésent, « disparaît » lui aussi des paysages en un siècle.

Le châtaignier n’est pas une essence indigène aux vallées cévenoles, mais il est là depuis si longtemps ! C’est l’arbre à pain des Cévenols, il a été planté, traité en verger d’arbres greffés pour la consommation des châtaignes, géré en taillis pour le bois de chauffage ou encore en futaie pour le bois de construction. Sur les terrasses, où peu de céréales peuvent pousser hormis le seigle, le châtaignier fournissait l’aliment de base. La châtaigneraie occupe encore de vastes surfaces. Au XXe siècle, l’exode rural affecte durablement ces territoires. La châtaigneraie n’est pratiquement plus gérée ou trop peu. De nombreuses terrasses sont recolonisées, des boisements de chêne vert et de châtaignier se sont installés selon les nuances de sol et d’exposition.

Seuls aux abords des mas habités s’étirent sur leurs étroites terrasses des prés fauchés, des prés pâturés et des potagers. « Le jardin ? Dix ans, elle le disputa à la ronce, l’herbe folle. L’herbe folle – comme ils disent en ville – s’il vous plaît que c’est une image à revoir. S’il vous plaît que l’herbe n’est jamais folle quand il s’agit de faire perdre un jardin » (Léautier, 2007). La dynamique de la végétation est toujours en marche, ou presque. Dans les interstices des rochers et des murs de schiste, le nombril de Vénus, l’asarine couchée et le thym luisant (endémique des Cévennes) semblent intemporels. Près de chaque mas, marquant le cimetière familial protestant, un vieux cyprès s’élève.

Cinquième jour – landes à genêt purgatif et granite
Contrefort sud du mont Lozère, Runes, 1 044 m

Des chaos granitiques nous surplombent. L’arène d’altération glisse entre les doigts.

« L’odeur, la senteur d’un pays qui meurt, c’est le parfum des genêts, je sais cela, vous pouvez le répéter. Un pays agonisant a déjà sa couleur, celle, jaune, insoutenablement jaune, des genêts en fleur » (Chabrol, 1972). D’aucuns pourront au contraire se rassasier de ce tapis vert-bleu ou jaune selon les saisons. Affaire de perception.

Genêts purgatifs et chaos granitiques à Runes.

Interrogeons-nous sur la répartition des landes à genêt purgatif. Ce genêt est une espèce montagnarde circumméditerranéenne sur sol superficiel siliceux et en situation ensoleillée. Il est associé au plantain holosté et au séneçon à feuille d’Adonis. Actuellement, ces landes sont répandues sur le mont Lozère, l’Aigoual et dans les hautes vallées cévenoles. Deux types de stations se distinguent : les stations, stables, situées en altitude à l’étage montagnard et celles, en expansion, colonisant des pelouses sur silice. Ces dernières stations sont liées à la baisse des pratiques agropastorales (pâturage des parcours, brûlage dirigé).

La végétation évolue lentement : ce stade de lande peut être suivi par une forêt pionnière à pin sylvestre et à sorbier, voire une chênaie (parc national des Cévennes, 2007).

Pour les uns, ces genêts sont le signe cruel de l’exode rural amorcé dès le début du XXe siècle dans leur région. Pour d’autres, comme les gestionnaires d’espaces, cela représente, selon les stations, un habitat d’intérêt communautaire ou nécessitant de mettre en place des modes de gestion pour favoriser une mosaïque d’habitats. Pour d’autres encore, les couleurs d’un paysage. Nous sommes parfois un peu tout à la fois.

Pour les uns, ces genêts sont le signe cruel de l’exode rural amorcé dès le début du XXe siècle dans leur région. Pour d’autres, comme les gestionnaires d’espaces, cela représente, selon les stations, un habitat d’intérêt communautaire ou nécessitant de mettre en place des modes de gestion pour favoriser une mosaïque d’habitats. Pour d’autres encore, les couleurs d’un paysage.

Les paysages vécus et perçus

Je resterai, dans le cadre de cet article, au stade de question ouverte sur la diversité des usages, des perceptions, des acteurs, des enjeux… et des conflits, des politiques publiques. Précisons enfin qu’une partie du territoire que nous avons parcouru se situe dans le parc national des Cévennes, parc de moyenne montagne et habité de façon permanente. Ce territoire s’inscrit également dans le programme Man and Biosphere de l’Unesco.

Les ânes au pré.

Dans une approche interdisciplinaire, l’étude de la végétation invite au questionnement et permet d’explorer les dimensions structurale, historique, dynamique et fonctionnelle des territoires et de leurs paysages.

Les cartes comme représentation…

Tel Flahault faisant ses recommandations : « Pour vos levés géographiques, avoir constamment la carte à la main et la jumelle aux yeux, une petite boîte de couleur à l’eau et, pendue à la boutonnière, une petite bouteille d’eau. Utiliser des couleurs simples pour les espèces de fond : gomme-gutte, terre de Sienne, etc. Mettre une touche très légère, transparente pour chaque observation pouvant être étendue avec certitude à la jumelle. Avoir toujours la même couleur pour la même espèce fondamentale, telle Quercus suber, Q. ilex, etc. » (Flahault, 1926, cité in Flahault, 1999).

Et pour le ciel, prendre un papier et un nouveau pinceau.

Article paru dans Les Cahiers n° 6, « Végétaux »,
2008, p. 76-83.
L’ouvrage est disponible en librairie.
Image de couverture et croquis : carnet de Mélanie Gasté.

Voyage d’études en moyenne montagne, Causses et Cévennes (septembre 2007).

Élèves de 2e année de l’Ensnp
Aurélien Albert, Eulalie Baudet, Anaïs Bernard, Anne-Lise Biauzon, Julien Blanquet, Laurent Brenier, Yannick Campion, Léonard Cattoni, Margot Chabert, Lucile Chevillotte, Kévin Clare, Murielle Clément, Jean-Marie Denis, Mélanie Gasté, Colette Gavillet, Cédric Ghestem, Benjamin Haupais, Loïe Jacotey, Aurélien Leborgne, Florian Marquet, Bertrand Mucherie, Martin Nouis, Elodie Petra, Camille-Olivier Prieur, Anne Rouat, Théophile Vallée.

Enseignants
Dominique Boutin, Sabine Bouché-Pillon et Cendrine Bonami-Redler,
avec la participation de Patricia Grime (habitant en vallée de Trabassac).


Bibliographie
Chabrol Jean-Pierre, Le Crève-Cévennes, Paris, Plon, 1972.
Cohen Marianne (coordonné par), La Brousse et le Berger, une approche interdisciplinaire de l’embroussaillement des parcours, Paris, CNRS, 2003.
Cord Ernest, Cord Gustave et Viré Armand, La Lozère, Causses et gorge du Tarn, guide du touriste, du naturaliste et de l’archéologue, Paris, Masson, 1900.
Elhaï Henri, Biogéographie, Paris, Armand Colin, 1968.
Fesquet Frédéric, L’Aigoual forestier, histoire d’une reconquête 1860-1914, Paris, L’Atelier d’édition-Lieux communs, 2007.
Flahault Charles, Herborisations en zig-zag, Journal d’un botaniste, Suède-Laponie (1879)/région méditerranéenne (1887-1896), documents réunis et présentés par Jean-Marie Emberger, Montpellier, Les Presses du Languedoc,1999.
Jouanard Gil, Les Sabots de sept lieues sous la dictée du Gévaudan, Montpellier, L’Archange Minotaure, 2004.
Léautier Gilbert, Pour planter des arbres au jardin des autres, Nîmes, Alcide, 2007.
Martonne Emmanuel (de), Traité de géographie physique, tome III, Biogéographie, 5e édition revue et corrigée, Paris, Armand Colin, 1932.
Parc national des Cévennes (coordonné par), Guide du naturaliste Causses Cévennes, Grenoble, Libris, 2007.
Valdeyron Georges, Une visite de l’Hort de Dieu, Camprieu, Maison du bois « Georges Fabre », 2005.


Lexique des noms de plantes
arbousier : Arbutus unedo L., Ericaceae
armérie de Gérard : Armeria girardii (Bernis) Litard., Plumbaginaceae
asarine couchée : Asarina procumbens Mill., Scrophulariaceae
aster des Cévennes : Aster alpinus L. subsp. cebennensis (Br.-Bl.) Br.-Bl., Asteraceae
bouleau : Betula pendula Roth, Betulaceae
brome érigé : Bromus erectus Huds., Poaceae
bruyère arborescente : Erica arborea L., Ericaceae
bruyère cendrée : Erica cinerea L., Ericaceae
buis : Buxus sempervirens L., Buxaceae
callune : Calluna vulgaris (L.) Hull, Ericaceae
châtaignier, arbre à pain : Castanea sativa Mill., Fagaceae
chêne liège : Quercus suber L., Fagaceae
chêne pubescent : Quercus pubescens Willd., Fagaceae
chêne sessile : Quercus petraea Liebl., Fagaceae
chêne vert : Quercus ilex L., Fagaceae
ciste à feuilles de sauge : Cistus salviifolius L., Cistaceae
cyprès : Cupressus sempervivens L., Cupressaceae
épicéa commun : Picea abies (L.) H.Karst., Pinaceae
fétuque du groupe ovine : Festuca gr. ovina L., Poaceae
filaire à feuilles étroites : Phillyrea angustifolia L., Oleaceae
genêt purgatif : Cytisus oromediterraneus Rivas Mart. & al., Fabaceae
genévrier commun : Juniperus communis L., Cupressaceae
hêtre : Fagus sylvatica L., Fagaceae
mélèze d’Europe : Larix decidua Mill., Pinaceae
mûrier blanc : Morus alba L., Moraceae
mûrier noir : Morus nigra L., Moraceae
myrtille : Vaccinium myrtillus L., Ericaceae
nombril de Vénus : Umbilicus rupestris (Salisb.) Dandy, Crassulaceae
pin à crochet : Pinus uncinata Ramond ex DC., Pinaceae
pin noir d’Autriche : Pinus nigra Arnold subsp nigra, Pinaceae
pin sylvestre : Pinus sylvestris L., Pinaceae
plantain holosté : Plantago holosteum Scop., Plantaginaceae
prunellier : Prunus spinosa L., Rosaceae
sabot de Vénus : Cypripedium calceolus L., Cypripediaceae
sapin pectiné : Abies alba Mill., Pinaceae
séneçon à feuille d’Adonis : Senecio adonidifolius Loisel., Asteraceae
sorbier blanc : Sorbus aria (L.) Crantz, Rosaceae
stipe penné, cheveu d’ange, plumet : Stipa pennata L., Poaceae
thym luisant : Thymus nitens Lamotte, Lamiaceae

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