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Lignes de front

Olivier Gaudin

Confrontations, conflits, blocages : la montée des tensions plombe l’époque et affecte nos expériences de l’espace et du temps, à toutes les échelles. La plus massive d’entre elles est la fermeture progressive des frontières : la militarisation, qui a tant marqué l’histoire européenne, a fait son retour aux confins de l’Union puis à certaines de ses limites intérieures. Depuis une vingtaine d’années, et de manière aggravée depuis février 2022, la multiplication des conflits armés engendre peur et repli. Les guerres en cours, qui héritent de longues trajectoires historiques1, ne sont pas seules en cause. Avec la pérennisation des mesures d’exception prises par les gouvernements durant l’état d’urgence puis la pandémie qui ont marqué les dernières années, l’obsession du contrôle et de la sécurité entrave l’usage comme la conception des lieux publics.

En parallèle, les pratiques dominantes d’aménagement de l’espace accentuent les séparations, sur fond de creusement des inégalités économiques, sociales et environnementales. L’amplification des ségrégations éloigne les quartiers les uns des autres, dans les grandes villes comme dans les campagnes. Les extensions « périurbaines » recouvrent surfaces agricoles et zones humides, mais aussi des terrains ouverts ou boisés aux abords des villages. Des voies de passage publiques sont soustraites à l’usage commun par la résidentialisation, ou des projets dits d’intérêt général. Au gré de l’exploitation maximaliste des « ressources » par les mécanismes de spéculation, fondés sur la démolition et la reconstruction, des interstices abritant une diversité d’usages spontanés perdent le droit de cité – comme lors des préparatifs des jeux Olympiques en Seine-Saint-Denis et du déploiement de « grands projets urbains » à Nice, Nantes ou Bordeaux. Dans les métropoles et leurs dépendances, tout un vocabulaire de dispositifs « anti-installation » explicite ce retrait : barricades, blocs, tranchées et monticules fortifiés2. Aussi n’est-il guère surprenant que la conversion de chaque périmètre libre en réserve foncière, au nom d’un productivisme désinhibé, suscite de vives oppositions.

Bien que les points de crispation se multiplient, on peine à situer les contours d’un “front” métropolitain ou néolibéral, tant ces phénomènes sont diffus.

Qui sont les ennemis ? Où sont-ils ? La métaphore militaire devient plus éclairante si l’on envisage, sous un angle plus matériel et technique qu’immédiatement politique, l’affolante quantité de lignes fabriquées, c’est-à-dire de structures, systèmes et artifices de toutes sortes qui altèrent les surfaces terrestres depuis l’avènement de l’ère industrielle. Sur fond d’aventures coloniales, d’accumulation primitive du capital puis de guerres mondiales et de « révolution verte », la modernisation a métamorphosé les paysages. L’image de la « frontière » des pionniers nord-américains, forgée durant la « conquête de l’Ouest », offre un paradigme de l’exploitation brutale des écosystèmes ; associée à la prédation des terres puis à l’industrialisation, l’avancée des colons a procédé au réagencement systématique des milieux préexistants, à la manière d’une armée d’occupation. Le quadrillage des territoires conquis fut le levier de nouvelles interdépendances économiques et logistiques3. La définition de stratégies concertées entre États fédérés, gouvernement fédéral et initiatives privées a toutefois dû surmonter de longues divergences, et les ravages d’une guerre civile dont les échos nous parviennent encore.

Bien des enseignements restent à tirer des expériences coloniales et des conflits pour l’étude des paysages, en dialogue avec les sciences de l’environnement4. Au-delà du cas d’école américain, existe-t-il des exemples d’« aménagement du territoire », et de ses représentations, qui ne découlent pas de stratégies d’appropriation ? Les lignes composites des paysages témoignent avant tout d’efforts de maîtrise – s’il est vrai que « l’observation des paysages sert, d’abord, à faire la guerre5 ».

Pour l’histoire environnementale, attentive aux flux matériels, aux rapports de pouvoir et aux conditions d’énonciation des récits6 – qui raconte l’histoire ? au nom de qui ? –, l’inscription au sol de lignes en tous genres signifie la domestication du monde. Le phénomène s’observe à toutes les échelles, de la maison à la route et du derrick au pipeline7. Frontières, limites de propriété et réseaux de communication gouvernent dans la durée les usages de l’espace et les formes de l’expérience : façonner des paysages, c’est tracer des lignes.

Cependant, grilles et architectures planifiées se superposent aux habitudes, provoquant des ruses et des évitements, suscitant métissages et hybridations. Depuis l’intérieur des réseaux, les humains se frayent toutes sortes de passages discrets. Occupations temporaires d’interstices, itinéraires changeants des travailleurs saisonniers, lignes de désir ou lignes d’erre… Ces parcours enchevêtrés sécrètent des lignes de fuite, et l’idée de paysage implique cette pulsation : le monde perçu vibre au rythme d’une créolisation sans synthèse. La cristallisation d’un front guerrier n’est qu’une version figée, paroxystique et provisoire de l’altération continue des paysages, dont l’ordinaire relève plutôt d’une diplomatie tacite, entre les lignes, faite d’une maintenance quotidienne.

Le motif de ce numéro est le plus élémentaire de la conception d’espaces : c’est de la persistance des lignes que dépendent les formes d’un lieu, et c’est par leur mouvement qu’elles se réinventent. Les strates géologiques et archéologiques mises à nu par l’extraction et l’excavation modifient la topographie et les horizons8, des sous-sols aux crêtes alpines, tandis que les effets du réchauffement déplacent les montagnes. Les cultures alignent les volumes des plantes, guidant les arborescences de leurs systèmes racinaires, mais l’abandon de terres agricoles est massif9. Lisières des forêts ou des champs d’openfield, vignobles épousant les courbes du terrain, terrasses recouvertes par la garrigue ou le maquis, témoignent de grammaires altérées ; sans oublier l’ensemble des constructions, avec et sans architectes ou ingénieurs, qui s’étendent des digues de béton protégeant les ports jusqu’aux barrages et stations de ski. Les canaux, mais aussi les traits de côte et méandres de cours d’eau cent fois « corrigés » accompagnent le maillage des infrastructures industrielles. Enfin, les camps, bases, casernes, champs de tir ou de manœuvres et sites logistiques de l’armée française comptent encore plus de deux cent cinquante mille hectares, soit vingt-cinq fois la superficie de Paris.

Jamais la trame des systèmes techniques n’aura autant enserré les vivants. Les dispositifs de transport, des aires de stationnement aux terminaux aéroportuaires, couvrent d’immenses surfaces. Les installations de production et d’acheminement de l’énergie strient les littoraux comme les cols de haute montagne. La présence massive de ces infrastructures invite à une réflexion esthétique10 et politique, en particulier sur le « continuum électrico-numérique11 » que pilotent des multinationales peu sensibles au contrôle démocratique. Elle pose surtout, à l’heure de la mise en péril des conditions d’habitabilité du monde, des questions incontournables sur leur mode de fonctionnement et leur pérennité. Enquêter sur les paysages du premier quart du XXIe siècle implique une critique des institutions contemporaines qui autorisent un certain nombre d’abus et d’atteintes destructrices aux équilibres sociaux et écologiques comme aux droits humains. Des lignes de front de moins en moins métaphoriques polarisent les groupes sociaux et les lieux habités, mais aussi les différents métiers chargés de leur donner forme, de l’agriculture à l’architecture.

Quelle place revient aux paysagistes et concepteurs dans ce contexte ? L’organisation de résistances démocratiques passe moins par l’ouverture littérale de fronts – dont le nombre est déjà si accablant – que par une attention fine aux situations de blocage que l’on cherche à contourner. Faire avec, sans renoncer aux règles de partage auxquelles nous tenons, suppose d’arpenter les secteurs où les tensions se cristallisent. Dans une perspective diplomatique, l’anticipation et l’ouverture peuvent alors l’emporter sur l’affrontement. L’enquête, l’écoute de voix divergentes et la capacité critique à imaginer des alternatives aident à détecter les marges que pourrait investir l’action collective. L’expérience de la porosité désarme les tendances au repli. En repérant les points de tension, en parlant plusieurs langues et idiomes professionnels, les paysagistes apprennent de la nécessité de situations. Leur travail se fonde sur la reconnaissance du caractère primordial des relations sociales, sensibles et mesurables qui font tenir ensemble des milieux vivants. Ce type de rencontre ne peut advenir qu’à partir de lieux concrets, de l’expérience répétée du contact avec des ancrages écologiques et des géographies habitées. Les sites de projet deviennent autant de points de bascule. À condition que les citoyens et les élus s’en saisissent, les projets de paysage peuvent contribuer à atténuer des conflits ; y compris par le désamorçage et l’esquive, ou encore la réparation12. Il s’agit de tenir les lignes de l’intérieur, à partir du contexte conflictuel de l’époque et non en son dehors.

En parallèle de ces enjeux diplomatiques, l’image des lignes de front nécessitait d’aborder sans détour la récurrence du phénomène guerrier, en son sens littéral. Ce numéro n’ignore pas l’expérience de la violence de la guerre, avec ses héritages ambivalents, ses ondes de choc et ses cicatrices13. Cinéastes, peintres et écrivains ont évoqué l’horreur du fait guerrier sous l’angle d’un bouleversement complet de l’expérience de l’espace, désarticulée par l’horreur des combats et l’intensité des destructions14. Mais une fois les armes déposées, comment un paysage peut-il garder la mémoire des traumatismes et des destructions, afin de participer à empêcher leur réitération ?

Certes, d’innombrables sites de bataille – Waterloo, Gettysburg, la Somme ou Verdun, les plages normandes – et même certains segments de fronts – le no man’s land qui divisa Berlin15, les fortifications de la Linea gotica dans l’Apennin tosco-émilien, en Italie – sont devenus des lieux de mémoire et de deuil. Près des monuments où se tiennent les commémorations officielles, il arrive qu’on mette en scène des indices à visée patrimoniale ou touristique. La présence de ces signaux ne garantit pas leur réception. Un paysage ne dit rien, en lui-même, de la violence des événements traumatiques qui ont pu s’y dérouler. Cette intuition sert de fil conducteur au film Shoah (1985) de Claude Lanzmann, centré sur les témoignages et leur force d’évocation. Non seulement un paysage ne porte guère de signe évident, univoque et partageable, des violences extrêmes, mais il peut arriver que sa fixation favorise, au lieu d’un travail de mémoire, des formes d’« étanchéité », de sélectivité, voire d’amnésie16.

Le savoir-faire des paysagistes, souvent impliqué dans la conception de tels lieux, peut-il ici faire une différence ? Préserver la possibilité de découvertes à venir, peut-être inconcevables au moment du projet, requiert un équilibre subtil, dont les termes de la commande ne sont qu’un des éléments. Entre composition spatiale et ouverture aux lointains, l’attention méticuleuse aux différents plans d’un site peut discerner des prises oubliées, des accroches négligées. La mise en relation de ces découvertes annonce les formes du paysage qui viennent ou qui reviennent, avec une propension à accueillir des usages futurs, encore indéterminés.

Du croquis d’observation à l’esquisse, le dessin des paysagistes aborde la transformation d’un lieu par la mise en visibilité de traits physiques. La représentation graphique suppose une série d’interprétations : un regard, des choix, des intentions. Elle s’écarte ainsi des perceptions ordinaires, indexées sur les nécessités pratiques. Au-delà des « formes congelées du paysage17 », les lignes sont mentales, mobiles et réversibles. Scruter les contours visibles d’un lieu, c’est déjà anticiper son devenir, se rendre disponible à l’action et au rêve. De manière plus urgente, ce travail du regard peut aider à trouver les moyens d’éviter la généralisation de situations conflictuelles. Sans négliger la sensibilité et l’intuition, les paysagistes se distinguent des artistes par la nécessité de s’arrimer à l’action collective. Leur « maîtrise d’œuvre » assemble des connaissances scientifiques et techniques, la capacité d’écoute et de dialogue, le désir de participer au renouvellement des politiques publiques. La capacité critique et autocritique est ici cruciale, tant la guerre passe « en nous18 » : face aux images terrifiantes et aux nouvelles insoutenables des conflits en cours ; au sein des contradictions des institutions, et de nos attitudes individuelles ; et à l’épreuve de différends et d’interdépendances que nous n’avons pas choisis, mais vis-à-vis desquels il reste possible d’inventer du pouvoir d’agir et des marges de manœuvre, afin d’œuvrer à la paix – sans irénisme.

S’il prête à des lectures métaphoriques, le parallèle entre les lignes de front et les formes du paysage implique de revenir au sens littéral de l’expression, comme le propose le parcours de ces Cahiers. Le déclenchement d’un conflit armé fait basculer les formes perçues du paysage : c’est le sujet du texte que Kurt Lewin, psychologue de la perception alors mobilisé dans l’artillerie allemande, consacrait en 1917 au « paysage de guerre ». Un écrit du front, mais très éloigné de tout récit de guerre ou positionnement idéologique, comme le montre sa présentation écrite avec la philosophe Céline Flécheux.

Explorer les sites de violences passées permet-il de mieux préserver et transmettre leur souvenir ? L’écrivaine Luba Jurgenson s’interroge sur la persistance et l’effacement des traces du second conflit mondial et de la guerre froide dans une forêt de Berlin où elle s’est rendue à plusieurs reprises, depuis trente ans. La série photographique de Mikael Levin arpente les lieux des États-Unis où survinrent, avant d’être réprimés dans le sang, des soulèvements d’esclaves. Sans monument ni mise en scène, ces lieux de mémoire ordinaires n’en sont pas moins porteurs d’une charge historique et affective considérable, qui pèse sur l’histoire contemporaine du pays. Hugo Martin, historien de l’art, analyse le documentaire de Florence Lazar, Tu crois que la terre est chose morte (2019). L’artiste a filmé les gestes de résistance qui tentent, dans certains secteurs de la Martinique, de modifier les paysages agricoles issus de la colonisation.

Les travaux de fin d’études publiés abordent les conflits de manière moins directe ; ils envisagent des réponses tactiques, par le projet de paysage, à différentes situations de confrontation ou de tension. À Beyrouth, au point où le centre-ville rejoint la mer, Matéo Bouchaud interroge l’héritage spatial de la guerre civile libanaise. Son travail cherche à maintenir l’usage public, ou partagé, d’interstices urbains qui sont autant d’accès au littoral et à ses horizons. Aux abords de l’aéroport Charles-de-Gaulle, principale frontière française, Lucie Peigneux propose de voir les franges de cette immense emprise comme des lieux à part entière. Les contours d’une enclave de trois mille hectares, autour d’une aérogare tout juste cinquantenaire conçue comme une « série de limites circulaires19 », deviennent des points de vue inédits vers de lointains intérieurs. Dans le Cantal, Colin Fayard s’est intéressé à la narse de Nouvialle, où un projet de carrière suscite des contestations. Contournant les impasses du conflit, son projet de paysage préfère envisager une maintenance du site, attentive aux singularités de son écologie et de ses horizons. Enfin, Félix Robin a enquêté sur les capacités des espaces publics de la Confluence, au centre de Lyon, à accueillir les personnes à la rue. Il réfléchit aux formes d’attention qu’un projet de paysage peut déposer dans les lieux urbains à destination d’usagers précaires, sans préjuger de leurs trajectoires.

Dans un entretien mené par la paysagiste Lolita Voisin, la géographe Anne Sgard réfléchit à ce qui pourrait constituer aujourd’hui des fronts métaphoriques du paysage, tant sur le plan de la recherche et de son dialogue avec les politiques publiques, que de l’enseignement. L’anthropologue et écrivain Éric Chauvier examine pour sa part l’hypothèse d’une relation critique aux paysages suburbains. Suivant une route départementale en proie à la déprise économique, son écriture « fragmentaire » laisse affleurer la « mémoire affective » et des « voix vaincues et oubliées ». Comment saisir les formes de vie qui se déploient le long de cette ligne devenue secondaire, et que disent les habitants de ces lieux, que l’un d’entre eux qualifie de « France oubliée » ?

À une autre échelle, les États n’ont pas attendu le retour de la guerre sur le sol européen pour faire obstacle à la circulation des personnes, aux frontières de l’Union. Plusieurs contributions tournent autour de la Méditerranée, espace témoin, strié de systèmes de surveillance et d’entraves mortifères au passage des exilés. Depuis Délos, île grecque surexposée aux enjeux géopolitiques et climatiques, les dessins à l’acrylique de Fred Maillard tendent un étrange miroir, entre allégorie et métaphore, aux menaces et « hantises » de notre temps. Sur les rives de l’étang de Berre, Lucie Taïeb et Benoît Vincent, écrivains associés à la photographe Anaëlle Vanel, arpentent les vestiges d’une ancienne poudrerie royale en service jusqu’en 1974. Ces paysages enfrichés recouvrent les traces d’un passé colonial refoulé, que refont surgir les archives. En écho à ces silences, le récit littéraire de Sébastien Berlendis décrit une marche autour du Mont-Cenis, aux confins de la France et de l’Italie. Son texte rappelle que la militarisation des frontières au cœur de l’Europe relève d’un passé proche, que des décennies d’efforts ont pu reléguer à l’arrière-plan. Une manière d’attester, contre l’esprit du temps, qu’il reste possible d’apprendre à éviter de se faire la guerre.


  1. François Lagrange et al., À l’Est, la guerre sans fin. 1918-1923, Gallimard et musée de l’Armée, 2018.
  2. Jordi Ballesta et Geoffroy Mathieu, Anti Installation, Building Books, 2023.
  3. La notion même de logistique est issue de l’histoire militaire. Voir Mathieu Quet, Flux. Comment la pensée logistique gouverne le monde, Zones, 2022.
  4. François Walter, « Paysage et environnement en histoire : échapper au brouillage », L’Information géographique, no 3, 2014.
  5. Yves Lacoste, « À quoi sert le paysage ? Qu’est-ce qu’un beau paysage ? » [1977], Paysages politiques, Le Livre de poche, 1990, p. 56.
  6. William Cronon, Nature et récits. Essais d’histoire environnementale, trad. Mathias Lefèvre, Dehors, 2016.
  7. Pierre-Henry Frangne et al. (dir.), Des lignes et des paysages. Du sillon à la skyline, PUR, 2020.
  8. Anne-Marie Filaire, Terres. Sols profonds du Grand Paris, texte de Claude Eveno, Dominique Carré, 2020.
  9. « Agriculture : près de 3 millions d’hectares de terres seraient abandonnés en France », Ouest-France, 29 novembre 2023.
  10. Carlotta Darò, Paysage de lignes. Esthétique et télécommunications, MētisPresses, 2022.
  11. Fanny Lopez, À bout de flux, Divergences, 2022.
  12. C’est le double sens de l’anglais repair, entre réparation et dédommagement, qu’explorait l’exposition « La Grande Réparation », conçue à Berlin en 2023 et présentée en 2024 au pavillon de l’Arsenal à Paris.
  13. Le numéro 11 des Cahiers, « Les cicatrices du paysage », 2013, a publié des cas de reprises de lieux marqués en profondeur par la guerre ou des usages militaires.
  14. Pour s’en tenir à quelques exemples : Terrence Malick, La Ligne rouge, 1998 ; Sam Mendes, 1917, 2019 ; Edlef Köppen, L’Ordre du jour [1930], trad. François Poncet, Tallandier, 2006 ; Curzio Malaparte, Le Soleil est aveugle [1941], trad. Georges Piroué, Gallimard, 1987 ; Winfred G. Sebald, De la destruction comme élément de l’histoire naturelle, trad. Patrick Charbonneau, Actes Sud, 2002 – et le film que Sergueï Loznitsa a tiré de ce texte en 2022.
  15. Voir Marion Guichard, « Berlin : l’empreinte du Mur comme libre parcours », Les Cahiers de l’École de Blois, no 19, 2021, p. 100-111. Luba Jurgenson, « À perte de vue », dans Patrick Nardin et Soko Phay (dir.), Le Paysage après coup, Naima,
  16. 2022, p. 48 ; Luba Jurgenson (dir.), « La mémoire se fond-elle dans le paysage ? », Mémoires en jeu, no 7, 2018.
  17. Tim Ingold, The Life of Lines, Routledge, 2015, p. 69.
  18. Robert Kramer, « La guerre est en nous » [1991], Notes de la forteresse (1967-1999), trad. Cécile Wajsbrot et Cyril Béghin, Post-éditions, 2019, p. 235-239.
  19. Paul Andreu et Nathalie Roseau, Paris CDG-1, Éditions B2, 2014.
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